..et pourquoi ce n’est pas vraiment du gaspillage
Si vous vous êtes déjà demandé pourquoi les cellules vivantes semblent parfois gaspiller leurs ressources, vous n’êtes pas seuls. Depuis plus d’un siècle, les scientifiques s’intéressent à un phénomène intriguant appelé « métabolisme overflow », ou « débordement métabolique » en français. Celui-ci survient lorsque les cellules — qu’il s’agisse de bactéries, de levures ou même de nos propres cellules humaines — consomment des nutriments, tels que les sucres, mais ne les utilisent pas entièrement pour satisfaire leurs besoins et énergie et se multiplier. À la place, elles rejettent une partie de ces ressources dans leur environnement sous forme de sous-produits qui semblent inutiles, et parfois même toxiques.
À première vue, cette stratégie paraît inefficace. Pourquoi une cellule, façonnée par l’évolution pour maximiser sa survie et sa croissance, rejetterait-elle un carburant précieux sous forme de composés nocifs ?
Dans notre récente revue (Gosselin-Monplaisir et al., Molecular Systems Biology, 2025), nous revisitons ce mystère. Nous montrons que le débordement métabolique fonctionne selon des principes biologiques universels observés dans tous les domaines du vivant, et ne serait ni une erreur, ni une faiblesse. Et loin d’être de simples déchets toxiques, ces sous-produits jouent même des rôles essentiels en tant que nutriments, régulateurs et molécules de signalisation.